Devenir freelance en Tunisie est devenue chose courante pour de nombreux professionnels, anciennement ou actuellement salariés. Mais au fait, qu’est ce qu’un freelance ? Il s’agit d’un professionnel indépendant expérimenté qui décide de devenir son propre patron et de s’affranchir d’un employeur direct. Après avoir fondé son entreprise (du moins en théorie), ce dernier devra prospecter ses clients, puis réaliser des missions en contre partie d’une rémunération.
1. Être freelance en Tunisie, quels métiers sont concernés ?
Au sens large du terme, le freelancing peut toucher divers corps de métiers : chauffeur, guide touristique, transporteur de marchandises, livreur, maçon, commerçant, professionnel du bâtiment, coach sportif, commercial indépendant, journaliste ou encore artiste peintre.
Toutefois, le freelancing le plus connu se rapproche d’avantage des professions intellectuelles de type conseil, formation, métiers du web (développement informatique, infographie, webdesign, UX design,, rédaction web…) ou encore l’expertise technique dans certains domaines d’activité très pointus : la qualité, la logistique ou encore la pétrochimie.
Le freelance étant libre par définition, peut exercer ses missions partout sur le territoire national, mais aussi à travers le monde : sur le continent Africain, Européen, Américain, ou encore au Asie. Ce véritable entrepreneur peut également travailler en remote (télétravail), pour un ou plusieurs clients à travers le monde, si la nature de son activité le lui permet.
2. Quels sont les lieux de travail privilégiés des freelances en Tunisie ?
Dans la majorité des cas, le freelance travaille depuis son domicile. Il existe toutefois et selon les circonstances de la mission, des lieux de travail alternatifs :
- L’espace de coworking, le bureau privé ou partagé
- Chez le client final ou intermédiaire
- A l’hôtel ou dans une maison d’hôte pour les plus chanceux
- Dans les transports si parfois nécessaire : train, bus, avion, taxi, etc.
3. Pourquoi les entreprises recrutent de plus en plus de travailleurs indépendants ?
De multiples raisons encouragent les entreprises de toutes tailles à recourir aux services de professionnels indépendants. Parmi ces principales raisons nous pouvons citer :
- L’absence de recrutement (et tout son processus fastidieux) dans un contexte économique et social incertain.
- Le coût de la ressource : recourir à certaines professions, même ponctuellement, est plus intéressant pour une entreprise qu’une embauche définitive
- La flexibilité pour le département RH qui devra placer la bonne ressource, au bon moment
- La compétences : les indépendants ont bien souvent un passif en entreprise et une expertise très forte, dont les entreprises ne trouveront jamais chez des jeunes recrues.
4. Comment trouver des missions en tant que freelance en Tunisie ?
Pour la première catégorie de métiers citée précédemment, le bouche à oreille est la meilleure façon de trouver des missions. C’est d’autant plus le cas en Tunisie, où la confiance doit régner de prime à bord.
Pour la seconde catégorie de métiers (professions intellectuelles type conseil et expertise), même si le bouche à oreille fonctionne aussi bien, les choses sont sensiblement différentes. Tout d’abords, la catégorie de clientèle change : nous passons de particuliers à des entreprises, qui ont bien souvent des exigences techniques et un cahier des charges assez fournis. Les freelances, ont dans ce cas de figure, plusieurs moyens de trouver des offres de missions en Tunisie :
- Les sociétés de services informatiques (souvent des sociétés offshore ou des intermédiaires)
- Les plateformes d’offres de missions, locales ou internationales
- Le réseau professionnel : connaissances, anciens employeurs, LinkedIn, groupes Facebook spécialisés, etc.
- En prospection directe chez le client final.
- En communicant efficacement : site internet avec portfolio, flyers, brochures, emailings ou encore vidéos explicatives de son domaine d’expertise
5. Devenir freelance en Tunisie : quel statut juridique choisir (patente) ?
Même si cet aspect représente la norme dans plusieurs pays développés, aussi étonnant que cela puisse paraitre, la grande majorité des freelances en Tunisie renoncent d’entrée de jeu à adopter une forme juridique sécurisante. En effet, une récente enquête que nous avons menés auprès d’une communauté de plus de 200 000 freelances tunisiens, montre que :
- Environ 70% des freelances interrogés n’ont aucun statut juridique
- 22% d’entre-eux travaillent dans une entreprise
- Environ 8% de cette communauté sont immatriculés
Même si les freelances ont souvent l’impression d’échapper aux charges sociales et diverses taxes qui incombent à tous les possesseurs d’une forme juridique (SARL, SUARL ou Auto-entreprise), il peut tout de même y avoir des désagréments assez importants. Nous pouvons noter notamment :
- Des barrières à l’entrée pour les non-détenteurs d’une patentes : plateformes web, sociétés locales ou étrangères, etc.
- Non-affiliation à certains régimes de protection sociale et perte irréversible de droits acquis : santé, retraite, etc.
- Un pouvoir juridique et contractuel très faible étant donné que le travail réalisé sera assimilé à du travail au noir. Ce qui pourrait amener à des recours peu efficaces en cas de refus de paiement du client ou de mésentente sur les termes du contrat.
Qui des missions à l’étranger ? Dans ce cas de figure, le freelance tunisien peut garder sa forme juridique locale, ou éventuellement passer par une alternative dans le pays où il va prester. La majorités des consultants freelances tunisiens préfèrent cela dit des statuts plus sécurisants, comme par exemple le statut du portage salarial en France. Ce dernier offre de nombreuses possibilités au freelance (l’obtention d’un CDI, une rémunération plus attractive ou encore la cotisation aux différentes caisses : chômage, assurance, maladie, etc.).
6. Comment facturer ses prestations de services en tant que freelance en Tunisie ?
Plusieurs unités de mesures existent, selon les métiers, pour appliquer un tarif à son client et pouvoir le facturer en bonne et due forme :
- Le tarif horaire : adaptés surtout à des petites prestations du type transport de marchandises ou à une visite guidée pour un guide touristique.
- Le tarif journalier moyen (TJM) : c’est le mode de paiement le plus développé dans les pays occidentaux. C’est l’unité de facturation idéale pour le mode mission. Il s’agit, par exemple, pour un développeur web de facturer ses journées de prestation à un tarif journalier défini dans le contrat de prestation, sur toute la durée de sa mission.
- Le forfait : par exemple, pour la réalisation d’un site internet WordPress/WooCommerce, du prix final dont devra acquitter le client pour avoir son site clé en main, selon le cahier des charges définit et validé dans le contrat de prestation.
- Autres unités de mesures : mots ou signes pour les rédacteurs web, nombres de documents saisis ou numérisés pour les télé-secrétaires, nombre de rendez-vous qualifiés pour les télé-commerciaux, etc.
Pour finir, le freelancing est une nouvelle forme d’emploi qui a de beaux jours devant elle dans un pays émergent comme la Tunisie. Il faudra toutefois éviter certaines dérives, comme l’absence de statut juridique, des contrats de prestations formulés à l’oral ou approximatifs, ou encore des tarifs tirés vers le bas par les clients.
L’amélioration de toutes ces conditions devraient conduire, dans un avenir proche à la réduction massive du nombre de chômeurs ainsi que des conditions de vie de milliers de tunisiens qualifiés et en attente d’opportunités.
Le contexte sanitaire actuel a par ailleurs, renforcé plus que jamais le besoin des sociétés en main d’œuvre externalisée compétente, et qui plus est qui travaille à distance. C’est donc peut-être aussi pour vous le moment de vous lancer en tant que freelance en Tunisie.